Géraud V, qui est à l’origine du château de Lagardère, est un homme du XIIIème siècle, l’époque de Saint Louis, des dernières croisades, après la fin de la guerre des Albigeois. Alors que le roi d’Angleterre tente de reprendre en mains son fief français de Gascogne (on va bientôt parler de Guyenne) et que la royauté française s’installe à Toulouse avec l’intention d’affirmer son contrôle sur la région.
L’Armagnac est lié au Fezensac depuis un siècle. Il va de Riscle à l’ouest, à Aubiet à l’est, et de Gondrin au nord, à Montesquiou au sud.
La famille comtale tire son origine de celle des grands ducs de Gascogne, au Xème siècle, mais n’a guère brillé depuis. Et Géraud n’est que le représentant d’une modeste branche cadette, celle des vicomtes de Fezensaguet, qui ne contrôlent que quelques localités autour de Mauvezin, au nord est d’Auch.
C’est la poussière de petites seigneuries à peu près indépendantes, et en rivalités perpétuelles qui a remplacé l’ancien duché de Gascogne entre Pyrénées et Garonne. L’émiettement du pouvoir s’observe sur le terrain avec, un siècle avant Géraud, la constitution des villages autour d’une puissance qui peut les défendre : les castelnaux, autour du château, souvent de bois, érigé sur une hauteur (une mothe), et sauvetés sous la sauvegarde de l’Eglise, surtout des abbayes. C’est le règne des guerres privées, que l’Eglise tente de limiter par l’institution de la paix de Dieu…, et d’une économie agricole de subsistance, presque sans circuit commercial important en dehors des grandes villes.
Dans cet ensemble de pouvoirs locaux, émergent des puissances « moyennes » issues de la famille des ducs de Gascogne, ou apparues par conjonctions de personnalités, de lieux privilégiés et de circonstances :
Mais, depuis quelques décennies, on voit s’affirmer le réveil de deux pôles antagonistes, qui tentent de dominer le paysage :
Dans ce contexte où se mêlent à plusieurs niveaux de nombreuses convoitises et intrigues, la situation que trouve Géraud est extrêmement difficile.
Le comte Bernard V est mort en 1244. Ses domaines comprenaient l’Armagnac propre, c’est à dire 2 à 3 cantons actuels au sud-ouest du département du Gers, et le Fezensac , pays d’Auch et de Vic, bande est-ouest comprenant un petit tiers du département actuel, mais, à l’époque, ni Condom, ni Lectoure, ni Mirande, ni Eauze, ni Lombez n’en faisaient partie, et à Auch, métropole ecclésiastique, le comte devait partager le pouvoir avec l’archevêque et avec le prieuré de Saint-Orens, dépendant de l’abbaye de Cluny.
Bernard V meurt sans enfant de sa femme Agnésie. Mais il a deux sœurs et des cousins germains, fils du frère de son père Roger, vicomte de Fezensaguet, mort dix ans auparavant. Les sœurs ont de jolis noms :
Dès la mort du comte Bernard, Mascarose réclame la succession. Avec son mari elle s’empresse de prendre possession de l’Armagnac et du Fezensac et prête hommage pour ces comtés au roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine et de Gascogne.
En même temps, Ségnis, réclame sa part. Elle place l’Astarac et ses enfants sous la suzeraineté du comte Raymond VII de Toulouse. Enfin, Pincelle, veuve de Roger vicomte de Fezensaguet, et mère des cousins germains du défunt comte, réclame la succession pour son fils aîné Géraud (futur Géraud V) et en appelle aux armes.
C’est le début d’une succession de coups de mains, escarmouches et razzias qui va durer dix ans. Mascarose et son mari Arnaud Odon semblent gagner des points, puisqu’en 1247 après avoir ravagé le pays ils prennent Auch d’assaut. Mais les auscitains les repoussent. Grâce à la médiation du vicomte de Béarn un accord est conclu avec l’archevêque d’Auch, le prieur de St Orens, et la communauté de la ville. Arnaud-Odon s’intitule vicomte de Lomagne et tenant lieu de comte en Fezensac et en Armagnac. Ségnis d’Astarac cède toutes ses prétentions au comte de Toulouse.
Géraud continue sa lutte , attaque la Lomagne et brûle quelques châteaux, mais il est fait prisonnier par Arnaud-Odon peu après la mort de son épouse Mascarose en 1249. Le comte de Toulouse, condamne Arnaud Odon , mais meurt quelques mois après. Géraud est toujours prisonnier. En juin1250, sous la pression du roi-duc, il est enfin libéré.
Progressivement Géraud reprend l’avantage, s’attache les seigneurs locaux. Il va à Bordeaux rendre hommage au roi duc qui y séjourne [Henri III]. Après dix ans de guerres et de tribulations et la mort de la fille unique de Mascarose, il est reconnu comte d’Armagnac et de Fezensac en 1254.
Mais la situation n’est pas de tout repos. Alphonse, qui l’a soutenu réclame l’hommage pour ses terres à l’est de l’Arrats : une partie du Fezensaguet. La situation est peu claire, car autrefois, le comte de toulouse, prédécesseur d’Alphonse, a reçu l’hommage du comte d’Armagnac de l’époque…Géraud refuse, puis, soumis à amende, se soumet.
Le traité de Paris, en 1259, semble apaiser et clarifier la situation. Le roi-duc est suzerain de tous les seigneurs du duché de Gascogne. Lui même y est vassal du roi de France. Le comte de Toulouse, frère du roi de France, règne à Toulouse et à Agen (dont dépend Condom. Mais il meurt sans enfant en 1271, peu après le roi Saint Louis [saint Louis], et selon les prévisions de sa succession, Toulouse doit revenir au roi de France, mais Agen et Condom au roi duc. Dès 1271, Toulouse est au roi de France qui y installe un sénéchal, mais celui ci ne rendra qu’en 1279 Agen et Condom au roi-duc qui, depuis la mort d’Henri III (1274), est Edouard I.
Géraud, en 1254 est reconnu comte d’Armagnac-Fezensac. Au nord il est confronté à Agen et Condom qui est alors au comte de Toulouse (Alphonse de Poitiers), puis administré par le roi de France (1271-1279) et enfin au roi-duc (1279). Au nord-est sa frontière avec son ancien compétiteur le vicomte de Lomagne a été précisée par un arbitrage royal. Géraud va tenter de montrer sa force et de pousser son avantage.
Très vite, au sud d’Auch commence le comté d’Astarac, très dépendant de Toulouse. Auch fait donc presque figure de ville frontière.
Il semble que Géraud V ait été le premier comte d’Armagnac à organiser rationnellement ses domaines en particulier avec la création d’un sénéchal d’Armagnac.
Géraud V, malgré le peu de documents dont on dispose, apparaît comme un seigneur gascon de son époque, chevalier presque toujours en guerre, défenseur de ses domaines, essayant de résister à ses suzerains de plus en plus proches et envahissants, tout en sachant reconnaître leur force sans obstination.
Il a pris en main l’organisation et la défense de ses domaines en amorçant leur croissance par sa politique matrimoniale : son mariage avec Mathe de Béarn lui apportera Eauze et Manciet, Castelnau-Rivière basse et Maubourguet, et Layrac aux portes d’Agen.
Il a tenté une politique de bascule entre Bordeaux et Toulouse, mais, plus diplomate que le comte de Foix et le vicomte de Béarn, il a su finalement associer son hommage traditionnel au roi-duc avec une politique de plus en plus liée au roi de France.
C’est l’amorce d’une politique familiale qui se développera au cours de la guerre de cent ans avec son petit fils Jean Ier, lieutenant général du roi pour tous les pays de langue d’oc, et son descendant Bernard VII, connétable en 1416, seul défenseur du roi légitime avec ses « Armagnacs ».
Lagardère apparaît dans la politique du comte Géraud comme ayant un double but :
si tu ne viens pas à Lagardère Lagardère ira à toi (le bossu)
très bien réalisé et précis
puis je utilisé les images (cartes) pour orner mon arbre généalogique (geneanet.com)
sans motif commercial et en y indiquant vos références
Bien à Vous
Géry
Vlezenbeek Belgique
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