Il semble que l’église de Mouchan soit la plus ancienne église romane du Gers, de la dernière partie du XI° siècle, un peu avant Peyrusse Grande, avec beaucoup de remaniements ultérieurs.
A Mouchan, on peut distinguer plusieurs étapes historiques :
I-A l’époque gallo-romaine, il y avait une vaste villa sur la rive gauche de l’Osse qui forme un plateau élevé. Peut-être appartenait-elle à un certain Muscius, et a ainsi donné son nom à la ville qui lui a succédé : Mouchan ?
La villa qui a bénéficié de fouilles en 1955 et 1956, a, selon l’habitude, laissé la place au VI° siècle à une nécropole mérovingienne, avec une église (centre, jusqu’à la fin du XVIII° siècle d’une des trois paroisses de Mouchan) .
Il y eut ensuite, un petit monastère bénédictin sur la rive droit marécageuse de la rivière, que les moines ont drainée et assainie.
II-Au IX° siècle les incursions normandes ont semé la terreur et le souci de la mise en sécurité des reliques, considérées comme particulièrement précieuses à l’époque, puisque garantes de la protection du saint correspondant.
Dans un but de refuge, ou par vol, les reliques de Saint Austrégésile, dit aussi Outrille, archevêque de Bourges au VII° siècle, et fêté le 20 mai, sont parvenues à Mouchan et fait l’objet d’un pélérinage. Austrogésile était un évêque d’origine wisigothe, et ses restes ont paru peut-être davantage en sécurité dans le cadre de ce qui avait été la partie située en Gaule de l’ancien royaume wisigoth.
III-Au XI° siècle, deux phénomènes déterminants sont intervenus, d’ailleurs liés :
1-la réforme grégorienne :
Sous l’impulsion de papes de choc, l’église est parvenue à s’autonomiser par rapport aux structures politiques, devenant largement indépendante. Elle s’est appuyée, entre autres, sur le prestige du nouvel ordre de Cluny, fondé par le duc d’Aquitaine, et l’unification progressive des différents rites existants.
En 1089, l’abbaye de Mouchan a intégré le réseau de Cluny et est devenu doyenné. On identifie cette nouvelle église à la partie nord de l’église actuelle, comprenant l’absidiolenord et la branche nord du transept actuel.
2-le pélerinage de Saint Jacques de Compostelle :
Il prend un développement considérable. Il accompagne la participation importante des seigneurs gascons et français à la Reconquista espagnole contre les royaumes musulmans d’Espagne.
Mouchan a constitué une étape sur la voie principale partant du Puy en Velay.
L’église de Mouchan était donc un doyenné clunisien (qui , au XIII° siècle est devenu dépendant du prieuré Saint Orens d’Auch), une étape sur le chemin de Saint-Jacques, et restait but de pélerinage pour vénérer les reliques de Saint Austrogésile, spécialiste, paraît-il des maladies nerveuses.
Autour du monastère et du sanctuaire s’est organisée un village avec remparts et seigneurs, sous la protection de l’église : donc une sauveté.
Il fallait une église plus grande. Il semble qu’on ait alors construit l’abside et la nef, au sud de l’église primitive, avec son grand portail, ouvert au nord, sur le cloître, et qu’on y ait intégré la tour plus ancienne, où était probablement vénérée les reliques de saint Austrogésile, dans une petite chapelle au premier étage. Il a dû sembler impossible de détruire ce lieu sacré, et l’on n’a fait que l’englober de murs assortis au reste de l’église. On y accédait auparavant par une porte au premier étage, qui obligeait à utiliser une échelle. A l’époque de l’achèvement de l’église la sécurité était beaucoup mieux assurée, et on a construit alors pour y accéder l’escalier exérieur formant tour ronde, que l’on voit au sud de l’église. Il s’agissait donc d’une pièce très importante pour qu’on lui affecte un tel accès.
III-Plus tard, les troubles de la guerre de cent ans, au XIV° siècle, ont d’abord épargné la région. La chevauchée du prince noir de 1355 est passée au sud ouest de Mouchan. Mais après le traité de Brétigny de 1360, toute la Gascogne et la Guyenne ont constitué une principauté d’Aquitaine indépendante soumise au Prince Noir, fils du roi d’Angleterre. Les seigneurs gascons, menés par le comte d’Armagnac Jean I, ont protesté contre les nouveaux impôts que réclamait le Prince Noir et, en mai 1368 en ont appelé au roi de France Charles V.
La guerre a repris, et la plupart des places gasconnes ont choisi le roi de France, les anglais ne gardant que quelques points forts, comme Mézin et Lourdes. En 1369, un raid venant de Mézin a attaqué la garnison française de Mouchan : les bâtiments conventuels et l’église ont été dépouillés et abîmés, mais on ne connaît pas les détails de l’opération.
Dès le XIII° sisècle, la création du pont d’Artigues, trois kilomètres au nord de Mouchan et l’installation d’une commanderie pour les pélerins de St Jacques, ont rélégué l’étape de Mouchan à une simple « variante » du circuit principal.
IV-Dans la deuxième partie du XVI° siècle, les guerres de religions entre les catholiques légitimistes de Monluc, basés à Agen, et les protestants iconoclastes soutenus par la reine de Navarre basée à Nérac, ont bouleversé la région.
En 1569, la reine de Navarre, se réfugie à La Rochelle après une tentative d’enlèvement du roi, manquée, de la part des protestants. Ses biens sont confisqués. Elle demande à un chef de guerre huguenot de venir du fond du Languedoc où il se trouvait, de reconquérir ses terres confisquées du Béarn. Montgoméry va faire une campagne foudroyante, en octobre 1569, massacrant incendiant et détruisant tout sur son passage, battant les troupes royales, puis allant faire étape à Condom. De là il va détruire beaucoup de structures religieuses alentour, dont l’abbaye de Flaran, l’église de Vic Fezensac, et probablement l’église et le château de Lagardère. Il va mettre le feu à la charpente de Mouchan, jusqu’à l’effondrement des voûtes de la nef et du clocher, et l’incendie du bras sud du transept.
Les moines sont dispersés, le doyen se réfugie à Auch, au prieuré de Saint Orens, et sans doute devant l’ampleur des destructions, le monastère n’est pas reconstruit. L’église, en très mauvais état, est « affermée » à un prêtre séculier et devient alors église paroissiale, en 1581, (c’est l’époque de la restauration et transformation du château de Lagardère par Pierre de Lavardac).
L’église est réparée, peut-être en plusieurs temps. Le portail nord, qui s’ouvrait sur le cloître, n’ayant plus d’utilité est fermé, et une nouvelle ouverture aménagée au sud. La voûte est réparée, mais le clocher n’est pas refait : un nouveau clocher est consruit au dessus de la tour sud, la nef est sans doute raccourcie. Les restes des autres bâtiments sont utilisés pour reconstruire le village. Il n’en reste plus aucune trace.
V-Plus tard, en 1656, une terrible épidémie de peste détruit les trois quarts de la population de Mouchan. Le cimetière qui entourait l’église ne suffit pas, une annexe est créée à la Bourdette.
Au XIX° siècle, un curé très actif Jean Blain parvient à obtenir une restauration à partir de 1843. La voûte de la nef et du chœur est refaite et surélevée (visible de l’extérieur), en suprimant les arcs doubleaux, mais les pierres sont recouvertes de ciment et les fresques sont « nettoyées ». Un « œil de bœuf » sur le mur ouest permet d’éclairer l’édifice, et des vitraux sont posés.
Parallèlement un maire : Joseph-Bernard Faget, assure la transformation du village, avec la construction d’une mairie-école en 1881, translation du cimetière, aménagement de la rue des Tilleuls.
Pendant la première guerre mondialeil y aura 30 morts de Mouchan sur 550 habitants.
L’église est classée monument historique en 1921, le tabernacle du XVII°, classé en 1908.
Il y avait 727 habitants à Mouchan en 1846, et 369 en 2003.